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LA MÈRE: Une puissance formatrice de vie II

par Ioanna MARI, formatrice en éducation prénatale, Présidente de l’Association Hellénique pour l’Éducation Prénatale
au Congrès d’Athènes de l’OMAEP, Organisation Mondiale des Associations pour l’Éducation Prénatale, « L’ÉDUCATION PRÉNATALE DE LA GRÈCE ANTIQUE AU XXIème SIÈCLE » , 1994

Deuxième partie de la conférence: « LA MÈRE: Une puissance formatrice de vie, Sa reconnaissance de la Grèce antique à nos jours »

La sensibilité et l’imagination d’une femme sont exaltées au cours d’une grossesse. Les flux hormonaux spécifiques déclenchés par des émotions exacerbées, jointes à des sensations et des images fortes et durables sont autant d’informations qui parviennent au fœtus et sont susceptibles de perturber la formation d’un organe ou la mise en place d’une fonction.
Pensons par exemple à ces enfants qui n’ont pas le sexe désiré fortement et visualisé souvent par la future mère et qui ont ensuite beaucoup de mal à assumer leur sexe réel. Cet handicap, car c’en est un, peut être évité si la société et particulièrement les jeunes prennent conscience qu’un désir personnel cultivé par la mère peut porter atteinte à la liberté d’être de son enfant.
Mais pensons aussi à ces lignées de mathématiciens, de philosophes, de musiciens que l’on retrouve au long des siècles. S’il est difficile, dans l’ensemble, de faire la part de l’hérédité, de l’éducation prénatale puis de l’éducation qui imprégnera l’enfant puis l’adolescent, il est des cas qui mettent en évidence l’impact spécifique de l’éducation prénatale. Voici deux témoignages explicités par les bénéficiaires eux-mêmes.
Celui de Boris Brott, chef d’orchestre américain qui connaissait par cœur avant de les déchiffrer les partitions de violoncelle que sa mère étudiait et répétait quand elle l’attendait.
Quant à Olivier Messiaen, compositeur français de musique sacrée, il remercia publiquement sa mère de lui avoir communiqué la passion qu’elle-même avait éprouvée au cours de sa grossesse pour la musique sacrée. Ce goût, cet élan chez la mère est devenu un don créateur chez son enfant.
Alors les futures mères ne pourraient-elles pas en laissant librement s’exprimer leurs propres facultés, leurs goûts, leurs rêves, éveiller la créativité de l’enfant qu’elles portent, dans ces domaines ou dans tout autre qui lui serait propre ?
Les jeunes femmes libérées par ces informations sont encore peu nombreuses et il faudra des années avant que leurs enfants révèlent ce qu’ils ont reçu durant les neuf mois de la formation de base de leur être.

Mais déjà, parents et médecins témoignent de la venue au monde d’enfants ayant un excellent développement physique, une plus grande tonicité musculaire, une meilleure adaptation des gestes, un comportement calme, stable, joyeux, un regard intense et serein qui laisse augurer un bon épanouissement psychologique.
La connaissance de leur pouvoir formateur, véritable sens de la maternité, semblerait libérer certaines femmes des entraves psychologiques qui les rendent stériles. Il faudrait des études sérieuses pour l’affirmer. Mais déjà plusieurs couples en Grèce, en France, et en d’autres pays ont dit s’être retrouvés en attente d’enfant peu de temps après avoir reçu ces connaissances. Que d’heureuses perspectives !
Si la science, aujourd’hui ne peut encore expliquer tous les processus aboutissant à ces faits, les observations et les témoignages accumulés, bien qu’ils ne constituent pas des preuves dites scientifiques, ne peuvent raisonnablement être négligés.
Ainsi le champ de nos responsabilités d’adultes conscients s’élargit à mesure que nos connaissances s’approfondissent. Par exemple, il nous faut réfléchir collectivement à ce que présentent les médias.

Les mythes, les contes et légendes d’autrefois touchaient par leurs symboles la conscience profonde des peuples, éveillaient et alimentaient le sens du beau, du vrai, du bien, stimulaient les forces de courage et de foi dans la vie.
Aujourd’hui, de quoi peuple-t-on l’imaginaire des enfants, des jeunes, des adultes ? Essentiellement d’êtres monstrueux et violents, le pistolet à la main, ou d’hommes et de femmes livrés à de basses passions, quand ce n’est pas à la pornographie. Les jeunes trouvent-ils dans ces « modèles » car par nature, pour eux tout est modèle, des éléments pour construire en eux-mêmes une personnalité saine, forte et heureuse ?

Les femmes enceintes ignorant le danger, se laissent, elles aussi, envahir par ces images fortes et répétitives qui se reflèteront sur la santé, la structure et le caractère de leurs enfants. Imagine-t-on les dégâts produits au bout de quelques générations ?
Il est grand temps de réagir, de sensibiliser la population tout entière, et particulièrement les tenants du pouvoir médiatique, à cette responsabilité éducative globale qui trouve son apogée dans l’éducation prénatale.
Les femmes sont les dépositaires de la vie. Elles aiment la beauté. Elles sont par nature des éducatrices. Elles ont un grand rôle à jouer dans la recherche de nouvelles valeurs, de formes artistiques, de spectacles esthétiques voire transcendants qui inspirent confiance en soi, foi dans la vie et dans l’évolution humaine.
La femme : « Gyni » (D’où gynécologie, gynécée, misogyne, androgyne…) en grec a la même racine que « Gê » (D’où géologie, géographie, apogée…), la Terre. De même que la Terre-Mère reçoit d’innombrables graines, unions du masculin et du féminin de chaque espèce, les nourrit et les amène a maturité, la femme nourrit et amène a maturité l’œuf humain qu’elle a formé en s’unissant à l’homme qu’elle aime.
Chaque graine porte en elle le germe-programme de l’arbre ou de la plante dont elle est issue. Ce projet se développera plus ou moins bien selon que la terre qui le reçoit est aride ou fertile.
De même, le capital génétique inclus dans l’œuf humain se développera avec plus ou moins de bonheur selon le terrain physique et psychique, selon les nourritures physiques, sensorielles et psychiques que lui offrira sa mère.
Certains scientifiques (Docteur SANZ : « L’éducation prénatale: un espoir pour l’avenir ». Éditions L’Alpha l’Oméga.) suggèrent que le capital génétique humain garderait une certaine ouverture et que la mère pourrait l’améliorer par un apport de qualité à travers sa propre vie optimisée avec amour et enthousiasme. La puissance formatrice de la mère irait-elle jusque là ?
La lettre M, initiale de la mère (et de la matière) dans toutes les langues tendrait à le confirmer (TSATSOMIROS : «Histoire de la langue grecque »). En effet, on retrouve le M de mère non seulement comme initiale des organes féminins (Mytra = Matrice, Mastos = Mamelon) mais aussi de Morphi = forme et de Manthano = apprendre. La future mère, la femme devenant mère, non seulement donne forme aux énergies potentielles de l’embryon, mais en même temps l’éduque. Le tracé en double pic de la lettre M suggérerait aussi que la mère doive monter au sommet d’elle-même pour que son enfant puisse atteindre à son tour le sommet de lui-même.
La linguistique, qui reflète la sagesse accumulée au cours des siècles, viendrait ainsi à l’appui des observations cliniques et des études scientifiques actuelles concernant l’éducation prénatale.
De ces savoirs divers qui ont accompagné l’être humain dans son évolution au cours des siècles et qui reçoivent aujourd’hui les confirmations, scientifiques rapportées dans ce congrès, retenons l’essentiel : l’enfant dans l’utérus se nourrit de tout ce que sa mère mange, respire, regarde, écoute, sent, pense dans sa propre vie et imagine pour lui.
Le programme génétique de l’embryon est très souple, il est davantage énergie que matière et il est sensible aux énergies psychiques : sensations, sentiments, pensées, images mentales de la mère.
Les femmes savent cela au fond d’elles-mêmes. « Les hommes fabriquent des machines, les femmes, elles, font les hommes » dit Jean-Pierre Relier, pédiatre français (Professeur Jean-Pierre RELIER: L’aimer avant qu’il naisse. Éditions Robert Lafont. 1993.).

« La femme sait la vie » affirme un psychologue. Alors, qu’elle laisse remonter en elle ce «savoir de vie» souvent étouffé par le mode de vie et de pensée actuel !
Lorsqu’elle porte un enfant, qu’elle protège avec l’aide du père, cette nouvelle vie en se protégeant elle-même de toute laideur, de toute violence, de tout spectacle ou relation qui pourraient la perturber. Qu’elle recherche, afin de donner à l’enfant les meilleures conditions pour son développement, tout ce qui lui apporte, à elle, joie et sérénité : la nature, ses beautés, ses immensités, la musique qui stimule et élève, les lectures qui inspirent, et surtout qu’elle parle à l’enfant, qu’elle vive les actes de sa vie quotidienne en relation d’amour avec lui.
Le père aussi peut parler à l’enfant, le caresser. Des liens se tisseront entre eux. Le futur père deviendra père dans la joie. La mère sera heureuse de ce partage et le couple sera renforcé par cette œuvre commune.
Quant à la société, elle a aussi son rôle à jouer pour que naissent des êtres sains, forts et créatifs, utiles à eux-mêmes, à la communauté dans laquelle ils vivent… et à l’humanité tout entière. Car cette nouvelle conscience de l’éducation prénatale concerne tous les peuples de la planète.

Lire la première partie: LA MÈRE: Une puissance formatrice de vie, Sa reconnaissance de la Grèce antique à nos jours