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Photo par Kirk Cameron sur Unsplash

« La maman raconte à son petit garçon »

Une belle histoire traditionnelle du Frioul, Italie du Nord.

Avec quel amour spirituel, dans le respect et la poésie, cette maman raconte à son enfant comment il est venu au monde . Quel magnifique cadeau il reçoit pour toute sa vie!

Avant que tu naisses, Papa et moi, nous nous aimions tant que nous n’arrivions pas, même si nous étions à deux, à jouir de tout le grand contentement que le Seigneur nous donnait à travers notre amour. Nous avions envie et aussi besoin, qu’avec nous, il y ait quelqu’un d’autre pour bénéficier de tout ce contentement. Un jour, bénie soit cette journée, nous en sommes venus à savoir que Dieu avait beaucoup de ces petits agneaux, là-haut dans le ciel, et qu’Il voulait les donner comme enfants d’âme. Alors, nous L’avons prié de nous en donner un à nous aussi, qui l’aurions tellement aimé.

Un soir où nous sommes allés dormir comme d’habitude, nous nous sommes aimés et nous nous sommes endormis en priant. J’ai fait un rêve. Avec Papa, nous sommes allés jusqu’au Ciel et le Seigneur nous a ouvert la porte du Paradis. A l’intérieur il y avait un jardin plein de lumière, avec beaucoup d’arbres en roses et plein de petits agneaux qui jouaient, contents. Nous avons demandé au Seigneur s’il nous donnait un de ces beaux agnelets et Lui nous a dit : « Un de ceux-ci est pour vous. Appelez-le ! »  J’étais toute contente et, avec un filet de voix, parce que ma langue s’était nouée par l’émotion, j’ai dit : « Mon agnelet à moi, où es-tu ? » Tous les agnelets se sont tournés vers nous et l’un, qui était là enfin, nous a fait un grand sourire, il s’est arrêté de jouer et saluant tous les autres avec sa petite main, s’est mis à marcher vers nous. Quel agnelet tu étais, toi ! Je suis venue à ta rencontre en courant avec les bras ouverts et toi, quand tu es arrivé près de moi, tu as disparu… tu avais glissé à l’intérieur de moi… en fait je te sentais près de mon cœur. Je me suis réveillée, alors que j’étais encore en train de prier et j’ai raconté la chose au Papa, qui savait déjà tout, parce que lui aussi avait fait le même rêve.

Depuis ce jour, nous t’avons attendu. Je te parlais toujours, jour et nuit et je te racontais ce que je voyais de sorte que quand tu serais né, tu aurais déjà une idée de ce monde. Quand j’étais seule, je me caressais le ventre pour que tu sentes combien je t’aimais et toi, à sentir mon cœur battre plus fort, tu bougeais à l’intérieur de moi, pour me dire combien tu étais content. Avec tout l’amour que j’avais pour toi, tu as grandi à l’intérieur de moi … jusqu’à ce que tu sois devenu si grand, que je suis devenue trop petite pour toi. Alors j’ai pensé que c’était le moment de te faire naître. Tu ne voulais pas sortir parce que tu étais bien là : tu avais tout sans rien faire ! Je mangeais et je buvais, je marchais et je reposais, je pensais et je respirais… je faisais tout aussi pour toi, qui étais là dans mon giron, et à toi, cela t’allait bien comme ça.

Mais pour ton bien, même si je le regrettais… je t’ai mis dehors et cela m’a fait très mal, comme si ma chair s’était déchirée. Et toi aussi, à peine sorti, tu t’es mis à vagir : la première saveur que tu as goûtée, de ce monde, a été celle des larmes. Mais autour de toi, tout était en fête : mes yeux en te voyant finalement, mes oreilles en t’entendant, mes mains en te vêtant et ma poitrine en te nourrissant.

Le Papa, tout content, m’a dit : «  Merci ! » que je t’aie porté à l’intérieur de moi et qu’ainsi je t’avais offert en cadeau à lui et au monde. Les grand-parents et tous nos amis venaient te voir et j’étais plus heureuse que jamais, même si personne ne faisait cas de moi et qu’il me fallait dire : « Vous voyez que je vais bien, tout s’est bien passé, je suis contente moi aussi ! »

De temps en temps je me touche le ventre, tu n’es plus mien, mais nous t’avons tous et ainsi notre vie a changé; cela aurait été tellement dommage si nous ne t’avions pas eu! Et notre maison! Elle est devenue pour de bon un petit morceau de Paradis sur terre ! Pour cela nous avons décidé de te nommer « Agnul ».