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L’éducation prénatale dans la Russie d’autrefois

par Docteur Ludmila ZAITSEVA, pédiatre, Présidente de l’AIREP, Association Interrégionale de Russie pour l’Éducation Prénatale
Docteur Vera GERASIMOVA, pédiatre, Vice-Présidente de l’AIREP
au Congrès d’Athènes de l’OMAEP, Organisation Mondiale des Associations pour l’Éducation Prénatale, « L’ÉDUCATION PRÉNATALE DE LA GRÈCE ANTIQUE AU XXI SIÈCLE », 1994

Nous avons entrepris – invitées par le thème de ce Congrès- d’étudier l’étude des rites et traditions de nos ancêtres concernant la conception, la grossesse et la vie des femmes dans la Russie ancienne.
Nous pensions que la connaissance des rites et traditions pouvait ouvrir et approfondir la compréhension de la vie prénatale pour nos contemporains, élargir leur conscience, et que l’expérience et les savoirs anciens pouvaient être une source d’inspiration.
Mais hélas ! La plupart sont oubliés et perdus. L’église officielle, au Moyen Âge, s’est appliquée systématiquement à les supprimer.
Cependant, l’étude des rites et traditions retrouvés nous étonne toujours. Nous comprenons à quel point nos ancêtres étaient proches de la nature et incluaient la vie dans une vision cosmique.
Les Slaves anciens, comme les Grecs, furent des polythéistes. Ils rendaient un culte à un Dieu et également à plusieurs divinités et esprits.
Le Dieu-Soleil était le Dieu principal, expression du principe créateur masculin.
Les différentes tribus slaves lui donnaient des noms variés « Koliado », « Yarilo »…
Le principe féminin, formateur, se nommait « Makoch ».
Parmi les divinités, citons les « Bérédines » qui protégeaient – sur leur demande – hommes, femmes et enfants en toute situation et en tout lieu.
On s’adressait donc aux Bérédines avant la conception, pendant la grossesse et l’accouchement.
L’un des Bérédines, appelé « Did » ou « Dieu-Peroun » protégeait les femmes enceintes et les enfants. Cette fonction était aussi remplie par Makoch.
Ainsi, dès leur tendre enfance, les hommes se sentaient liés au Ciel, au Soleil, aux Forces supérieures de la nature.
Les slaves du sud-ouest, les Skifs, croyaient même qu’ils étaient venus du soleil.
Sur les murs et les objets de la vie quotidienne, on dessinait les symboles des deux principes créateurs masculin et féminin. La femme enceinte contemplait ce symbole afin qu’à travers sa conscience, ils agissent favorablement sur le fœtus. Elle plaçait aussi sur son ventre ces objets porteurs de symboles.
En fin d’accouchement, le père coupait le cordon ombilical et le plaçait sur un de ces objets afin que l’enfant continue de recevoir ces deux énergies primordiales.
Chez les Slaves anciens, dits polythéistes, la conception était précédée par des rites de purification, physiques et psychiques, utilisant l’eau pure d’une source, une nourriture pure (blé, semences, …), la contemplation du soleil levant ou du feu, le contact avec les plantes et les fleurs.
On portait des habits de lin de couleurs déterminées, privilégiant le rouge et le rose, couleurs de la vitalité et de l’amour. Pour que l’enfant jouisse d’une bonne santé, on lui donnait des vêtements verts et on recouvrait son lit d’une couverture verte.

Après le « Baptême de la Russie » au Xème siècle, l’Eglise s’est efforcée d’effacer ces rîtes et traditions de la conscience des Slaves.
Cependant, l’essentiel a été transformé et adapté à cette nouvelle époque celle du christianisme.
Au lieu de demander aux Bérédines de protéger les femmes enceintes et les enfants, on s’adressait aux Anges. La Mère Divine avait remplacé Makoch pour veiller sur la conception, la grossesse, l’accouchement.
Maintenant, la sage-femme (on l’appelait autrefois la « babkapovitoukha » sorte de sorcière bénéfique, de fée bienfaisante) donnait des instructions à la femme enceinte avant l’accouchement.
Toutes deux sortaient de la maison et, ensemble, le visage tourné vers l’ouest, s’adressaient au Christ, à la Mère Divine, aux Saints, aux Anges. Par des prières et des formules appropriées, elles leur demandaient d’aider femme et enfant au moment de l’accouchement.
C’était alors la sage-femme qui coupait le cordon ombilical et le plaçait sur une icône, pensant ainsi lier l’enfant à l’Église.
La sage-femme prédisait l’avenir de l’enfant et donnait des conseils pour le préserver de l’influence des forces du mal. Pour lier l’enfant au ciel, aux Anges, aux forces de la nature, la sage-femme prenait l’icône, serrait l’enfant tout nu contre sa poitrine, et, quel que soit le temps, faisait trois fois le tour de la maison.
Le lendemain, elle effectuait le rite d’attachement de l’enfant à sa famille, acte de consécration de l’enfant dans le monde des vivants. On considérait alors que les membres de la famille incarnaient les âmes des personnes avec lesquelles l’enfant avait passé sa dernière vie.
Voilà l’état actuel de nos recherches qui sont loin d’être terminées.